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Projet Erismature

Conservation ex situ de l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala. Notre projet, à l’origine modeste, trouve son origine en début de l’année 2009. Après quelques années d’efforts, il se trouve aujourd’hui que nous avons effectué un parcours qui peut nous apporter quelque satisfaction même si le chemin à parcourir reste long.

Nous avons en effet aujourd’hui franchi quelques étapes et pouvons conclure de façon positive en ce qui concerne le diagnostic d’opportunité. Comme nous l'avions indiqué dans le numéro 208, Aviornis International France a engagé une démarche de conservation d'une population captive saine et viable dans le temps, sans autre prétention pour l'instant.

Nous n'aborderons pas les sujets de préoccupation qui concernent cette espèce tels que l'hybridation, la destruction des biotopes favorables que nous avons déjà traités assez largement depuis plus de dix ans dans notre revue et en resterons à notre objectif N°1 : conservation d'une population captive.

L'objectif: Recenser et maintenir une population captive de l'Erismature à tête blanche aussi proche que possible de l'espèce sauvage et saine. Nous n'avons pas à ce jour de projet de réintroduction mais tout simplement le maintien d'une population captive de qualité satisfaisante, en tout cas la meilleure possible.

Phase 1: Recensement des éleveurs volontaires et des oiseaux potentiellement utilisables.

Phase 2: Analyse de la potentialité des sujets disponibles.

Phase 3: Constitution des couples à partir des sujets sélectionnés.

Phase 4: Mise en place du "Stud-book".

Phase 5: Suivi de la population.

Ceci étant dit, ce n'est pas un projet aussi simple qu'il pourrait paraître si nous voulons mener ce projet dans les règles de l'art, mais nous avons progressé un peu!

Avancement du projet :

Il faut disposer d'un certain nombre d'éléments et tout d'abord d'information sur l'espèce sauvage…

Alain Hennache et Le Laboratoire que nous avions pressenti ont effectué un travail de recherche et il s'avère qu'un certain nombre d'études et d'outils existent et que nous sommes assez largement dégagés de ce travail préalable.

Des outils existent, aussi bien au niveau de l'ADN mitochondrial qu'au niveau des micro-satellites.

Petite explication : 

Le matériel génétique (ADN) est stocké dans les cellules, à la fois dans le noyau de la cellule et dans de petites structures, les mitochondries, qui ont pour rôle principal de stocker l’énergie fournie par la dégradation des molécules organiques. Alors que l’ADN des noyaux est transmis de génération en génération à la fois par la mère et le père (50% chacun), celui des mitochondries est transmis uniquement par la mère à tous ses descendants, qu’ils soient mâles ou femelles. En déchiffrant l’ADN mitochondrial (séquençage), il est donc possible de savoir si deux individus descendent de la même mère (ADN mitochondrial identique) ou de deux mères différentes (ADN mitochondrial différent). En appliquant ces analyses à toute une population, il devient possible de connaître le nombre de mères à l’origine de la population, donc le nombre de lignées différentes, et corollairement d’évaluer la diversité génétique de la population. Il est aussi possible de détecter des hybrides : un érismature à tête blanche ayant de l’ADN mitochondrial d’érismature rousse sera un hybride même si son apparence extérieure est trompeuse.

La base de la hampe de la plume contient quelques cellules dont il est possible d’extraire et de trier l’ADN par différentes procédures (dont l’ébullition) permettant de détruire les membranes cellulaires et de libérer l’ADN. Le choix judicieux d’un produit chimique nommé « Primaire » permet de casser l’ADN mitochondrial présent dans la solution à des endroits choisis. Les morceaux obtenus (chaînes de nucléotides) sont ensuite amplifiés (par une polymérisation nommée PCR). Puis les séquences de nucléotides sont analysées et comparées par des méthodes informatiques.

La base de la hampe de la plume permet aussi d’utiliser des méthodes complémentaires pour connaître les lignées paternelles, à partir de l’ADN du noyau de la cellule cette fois. Ces méthodes font appel à l’analyse de courtes séquences d’ADN des chromosomes, les micro-satellites) qui sont répétées plusieurs fois. Les micro-satellites permettent aussi d’évaluer la diversité génétique d’une population et de repérer des hybrides

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Des études ont déjà été menées notamment par l'équipe de Munoz-Fuentes, à la fois sur des peaux de musée et sur des individus sauvages issus des populations espagnoles et grecques. Nous sommes rassurés sur ce point, les éléments existent et les outils d'interprétation aussi.

Y'a plus qu'à, faut qu'on, faut le faire!!!

Par rapport à nos objectifs initiaux, les phases 1, 2 et 3 sont assez bien avancées et dans le calendrier prévu. Dans l'état actuel des choses, il est difficile d'anticiper les résultats mais nous pouvons d'ores et déjà constater que ce projet suscite de l'intérêt, et que probablement il pourrait déborder nos frontières. Mais ne nous y trompons pas, il reste beaucoup de travail et rien n'est gagné. Par ailleurs, nous devons rester attentifs au choix des sujets qui peuvent entrer dans le cadre de ces études en recherchant au maximum la diversité des sujets retenus comme base d'étude. Les contraintes financières arrivent très vite et 200 € d'études par oiseau, ce n'est pas tout à fait rien et cela implique une réflexion en amont sur le choix des sujets. Il n'est pas utile d'étudier plusieurs sujets issus d'un même couple et déjà connus comme tels.

  • Ces phases se sont étalées sur 2010 et 2011.

  • Un groupe d’éleveur a été constitué.

  • Une population captive (50 à 60 sujets) a été recensée à travers l’Europe et identifiée dans le projet.

  • Tous ces oiseaux ont été analysés et sont tous purs. (aucune trace d’autre espèce proche.).

  • Des échanges ont été effectués de manière à optimiser la formation des couples pour conserver la diversité constatée.

Tout nous laisse à penser que nous disposons d’une population de départ satisfaisante et qu’il nous appartient dorénavant de la multiplier en en préservant au mieux la diversité. Il n’est pas exclu que, si nous avons la chance de repérer d’autres couples présentant des caractéristiques intéressantes, nous apportions d’autres sujets dans cette population, après analyses

(traduction du résumé original fait par Monoz Fuentes)

L'Erismature à tête blanche est une espèce globalement menacée originaire du Paléarctique avec une gamme s'étendant de l'Espagne à l'ouest à l'extrémité ouest de la Chine à l'est.

Ses populations sont devenues fragmentées et ont subi des baisses importantes dans les dernières décennies. Pour étudier les différences génétiques entre les populations dans toute l'aire de répartition et l’évolution de la diversité génétique au fil du temps, nous avons séquencé une partie de la région de l'ADN mitochondrial de contrôle de 67 spécimens de musée (années 1861-1976) ainsi que 39 échantillons contemporaine de l'Espagne et sept de Grèce ( années 1992-2003). Dans l'échantillon de l'étude, nous avons constaté un manque de structure génétique significative entre les populations dans différents domaines. Nous avons trouvé la preuve que l'espèce a connu une expansion rapide dans le passé, autour de la Méditerranée après la dernière ère glaciaire. En Espagne, la population a connu un dramatique goulot d'étranglement dans les années 1970 et début 1980, lorsque seules quelques dizaines d'individus subsistaient à l'état sauvage.

Bien que la population se soit renforcée à quelques milliers d'individus, nous avons constaté une perte très importante de la diversité des haplotypes mitochondriaux entre les échantillons historiques et contemporains. Vu les baisses en cours dans d'autres domaines, les pertes de diversité génétique qui peuvent réduire le potentiel d'adaptation des Erismatures à tête blanche dans l'avenir sont une préoccupation constante dans toute l'aire géographique de cette espèce.

(C) 2005 Kluwer Academic Publishers

 

 Contact Projet Erismature: oxyleu@aviornis.fr